Le XVIIe siècle

Thursday, November 27, 2008

PRÉSENTATION

libertin, courant, courant de pensée qui, né en France au XVIIe siècle, s’épanouit durant tout le XVIIIe siècle, et se manifeste dans les mœurs comme dans la pensée et la littérature par la revendication d’une liberté accrue. Héritier de l’humanisme, le courant libertin annonce les Lumières.

Il n’est pas aisé de caractériser précisément le courant libertin, ni dans le temps, ni dans sa définition exacte. Aujourd’hui, nombre de théories s’affrontent pour lui donner des limites. Cependant il est fréquemment admis de distinguer à travers ce courant le libertinage de mœurs et le libertinisme philosophique.

Ce courant idéologique part de la philosophie matérialiste de Gassendi. Les libertins (libres penseurs) se détachent de la religion officielle, le christianisme, raillent les pratiques religieuses, manifestent leur indépendance de la pensée et tendent à donner à l’existence humaine un sens uniquement terrestre. Ce courant assure ainsi la transition entre l’humanisme de la Renaissance et la philosophie du siècle suivant, celui des Lumières. Cyrano de Bergerac, disciple de Pierre Gassendi, est le représentant le plus éminent de la pensée libertine. Le personnage de Don Juan, dans l’œuvre homonyme de Molière, Dom Juan, est emblématique de cette attitude.
( Azadunifr )

LIBERTIN, LIBERTINAGE, LIBERTINISME

Le mot « libertin » est emprunté au XVe siècle au latin libertinus, « affranchi, libéré ». Ce terme, qui s’appliquait dans la Rome antique aux esclaves affranchis, tout juste sortis de leur servitude, possède à l’origine un caractère péjoratif en français. Parallèlement apparaît, dans les traductions de la Bible, le mot « libertiniens » (qui devient « libertins » au XVIe siècle), qui désigne un groupe de juifs affranchis de l’enseignement de leurs pairs. Au XVIe siècle, le terme s’applique, sous la plume de Jean Calvin, à des membres de sectes anabaptistes qui se sont affranchis de certains dogmes religieux d’un point de vue intellectuel mais aussi moral, en niant la notion de péché, par exemple. Ces « incrédules » sont alors jugés hérétiques, et le réformateur Guillaume Farel parle d’une « doctrine pour putains et ruffians ».

Libre penseur, le libertin désigne par glissement de sens, dès le XVIIe siècle, un épicurien. Par extension, il caractérise au XVIIIe siècle des auteurs et des textes romanesques français contemporains dont la visée philosophique s’approche de la pensée libertine (d’aucuns excluent de la définition les auteurs de textes grivois ou gaillards, simplement licencieux ou érotiques, voire pornographiques). Le terme « libertinage » est avéré dès le début du XVIIe siècle, mais son acception moderne date de la fin de ce siècle. Le libertinage a alors une forte connotation morale et désigne tous ceux qui ont des « mœurs légères », qui sont « débauchés », tandis que le parallélisme entre athéisme et épicurisme tend avec le temps à s’estomper, notamment grâce à Pierre Bayle. Le verbe « libertiner », c’est-à-dire « vivre dans le libertinage », est né quant à lui en 1734. Le terme « libertinisme » s’applique plus précisément aux facettes philosophiques du courant libertin.

LES PREMIERS LIBERTINS : LE GOÛT DE LA PROVOCATION

Au tout début du XVIIe siècle, avec le règne d’Henri IV, le « vert galant », et surtout au début du règne de Louis XIII, le pouvoir des dévots se fait moindre qu’au siècle précédent et la censure est quasi inexistante. Dans ce contexte, notamment à partir de 1620, de jeunes aristocrates cherchent à s’affranchir des règles de la société. Provocant, un groupe d’érudits épicuriens appelé « les messieurs du Marais » (ou « les esprits forts du Marais ») dont fait partie Théophile de Viau « s’emport[e] tous les jours dans des excès qui [vont] jusques au scandale » (Mémoires du cardinal de Retz, posth. 1717), chantant notamment dans les cabarets des chansons impies et obscènes. Théophile de Viau (qui publie des « vers sales » dans le Parnasse satyrique) est donc l’un de ces premiers esprits que l’on appelle libertins, tout comme Jacques Vallée des Barreaux (1599-1673) et François Maynard (1582-1646), auteur des Priapées, de chansons à boire, et de poèmes érotiques. Athées, irréligieux et inspirés par la pensée de l’Italien Giulio Cesare Vanini, ces libertins ont le goût du luxe et de la débauche et produisent des textes satiriques, cyniques, voire grivois, le plus souvent publiés de manière anonyme.
Ces premiers libertins sont la cible de nombreux détracteurs, tels le jésuite François Garasse (1585-1631) qui, dans la Doctrine curieuse des beaux esprits de ce temps, ou prétendus tels (1623), « appelle libertins [les] ivrognets, moucherons de taverne, esprits insensibles à la piété, qui n’ont autre Dieu que leur ventre… » et attaque plus particulièrement Théophile de Viau.

LES LIBERTINS ÉRUDITS DU XVIIE SIÈCLE : DE BEAUX ESPRITS LIBRES

Un libertinage savant, aussi nommé libertinisme philosophique, se développe d’abord entre 1610 et 1660, en réaction contre l’austérité et le pouvoir des religions révélées. Les libertins de ce temps sont avant tout des philosophes, des scientifiques, des érudits, des esprits ouverts et curieux, désireux de voir régner une plus grande liberté de pensée, notamment en matière de religion. Un libertin est alors un bel esprit, indépendant et libéré des préjugés et des dogmes, le plus souvent animé par le scepticisme moderne initié par Michel Eyquem de Montaigne dans ses Essais et par le rationalisme de René Descartes. Les libertins, dans leur critique de la religion, croient en une mère Nature et prônent un savoir fondé sur la raison et l’observation. Les plus importants de ces penseurs sont le philosophe et savant Pierre Gassendi, le médecin Gabriel Naudé (1600-1653), l’écrivain François La Mothe Le Vayer (1585-1672), le médecin du roi Guy de la Brosse (1586-1641) et plus tard l’écrivain Savinien de Cyrano de Bergerac.
L’un des plus grands libertins savants est Pierre Gassendi, philosophe et mathématicien, qui réhabilite l’épicurisme et se trouve à l’origine d’un courant de pensée qui porte son nom, le gassendisme. Ce dernier prône une recherche raisonnée de la vérité, non en appliquant sur les faits et les choses des principes préétablis, mais en tenant compte de la réalité dans sa diversité. Comme lui, les libertins érudits se montrent prudents dans leurs discours et dans leurs attitudes : qu’ils soient épicuriens, rationalistes, déistes, hostiles au pape, athées ou seulement critiques à l’égard de l’Église catholique, ils n’exposent pas directement le fond de leur pensée, pour échapper à la censure et à la répression. Ils usent ainsi dans leurs ouvrages de sous-entendus, d’ironie, de doubles sens, d’allusions et ont parfois recours à des publications clandestines. La liberté de pensée revendiquée par les libertins et beaucoup critiquée par leurs adversaires est sujette à nombre de persécutions : censure, emprisonnement, exil, voire exécution (notamment pour l’ancien moine italien devenu philosophe et mathématicien Giordano Bruno, auquel on a coupé la langue et qui, condamné par l’Inquisition, a fini sur le bûcher, tout comme le philosophe César Vanini, condamné et brûlé sur le bûcher en 1619). Le libertinisme, si discret soit-il, est sans doute le plus efficace à ébranler les habitudes de pensée et les croyances officielles. Guillaume Amfrye, abbé de Chaulieu (1639-1720), est l’un des derniers libertins savants dont la pensée et les valeurs morales perdurent jusqu’à la génération de Voltaire, son disciple.

• libertin, courant - MSN Encarta

libertin, courant, courant de pensée qui, né en France au xviie siècle, s’épanouit durant tout le xviiie siècle, et se manifeste dans les mœurs comme.

• Libertin - Wikipédia

Les libertins de mœurs se réclament du même courant philosophique que les libertins de pensée mais l'excès de certains ont contribué à discréditer le premier mouvement ...
• Trouvez un club echangiste ღ - et libertin

Panne de courant Club libertin Vahiné 19/09/2008 Le Vahiné Marseille Club libertin Vahiné 20/09/2008 Le Vahiné Marseille Club libertin Caverne de Vénus 20/09/2008

LE XVIIE SIÈCLE : UN COURANT LITTÉRAIRE HÉTÉROCLITE

Jugé subversif, le courant libertin est au XVIIe siècle un courant hétéroclite auquel les exégètes ont du mal à fixer des limites. Tantôt panthéistes, tantôt matérialistes, les libertins sont des écrivains aussi différents que Théophile de Viau, Cyrano de Bergerac, ou Pierre Gassendi. Parmi les auteurs auxquels on a attribué ce qualificatif figurent (outre ceux cité plus haut) Nicolas Vauquelin Des Yveteaux (1567-1649), Charles de Saint-Évremond, Madame Deshoulières (1638-1694), Jean Déhénault (1611-1682), François Payot, sieur de Lignières (1628-1704), l’abbé de Choisy (1644-1724) qui, travesti en femme, prend les noms de Madame des Barres ou de Madame de Sancy, Guillaume Amfrye, hédoniste abbé de Chaulieu, ou encore Charles Sorel. Ce dernier, auteur d’une Histoire comique de Francion à la verve gaillarde, se fait plus audacieux et plus visible socialement, annonçant par là le courant libertin du siècle suivant. Même s’ils se retrouvent sur certaines idées, notamment l’affranchissement des mœurs, les libertins divergent sur beaucoup de points, proposant parfois des thèses extrêmes pour leurs contemporains — par exemple la négation de Dieu —, qui sont en partie exposées dans l’ouvrage anonyme Theofrastus redivivus (v. 1660).

LE LIBERTINAGE DE MŒURS AU XVIIIE SIÈCLE

À partir de la Régence qui succède au règne de Louis XIV, le libertinage de mœurs (liberté d’agir et d’aimer) connaît un essor important, alors que les Lumières reprennent l’héritage de la libre pensée. C’est en effet surtout dans les mœurs amoureuses que le libertinage se développe au XVIIIe siècle, pour devenir un jeu érotique fondé sur la séduction. La mise en scène de la conquête amoureuse, l’intellectualisation du plaisir et le rejet de toute contrainte morale caractérisent en effet les pratiques des libertins de ce siècle. La littérature porte naturellement la trace de ce fait de société.

Les œuvres dites libertines — essentiellement des romans ou des nouvelles — sont d’une grande variété : histoires légères et coquines, ou bien pornographiques, tantôt véhiculent-elles une véritable pensée philosophique, tantôt ne cherchent-elles qu’à procurer un divertissement licencieux. Cependant, selon certains critiques, la littérature libertine est « celle qui, utilisant des thèmes et une forme érotiques, les dépasse, dans le propos de l’écrivain comme dans la signification de l’œuvre, dans une direction philosophique ou artistique » (Péter Tibor Nagy, Libertinage et Révolution, 1975). Cette définition, plus restrictive, exclut par là-même tout écrit grivois, licencieux, érotique ou pornographique.

Quelques-uns des plus grands auteurs du XVIIIe siècle s’y essayent : on doit à Voltaire des contes érotiques en vers, et à Denis Diderot des Bijoux indiscrets (1748). Mais l’un des récits les plus représentatifs de la littérature libertine reste peut-être Point de lendemain (1777) de Vivant Denon (1747-1825), puisqu’il présente un jeune homme naïf quoique sensuel (le narrateur, en fait le libertin en herbe) aux prises avec une femme plus mûre (la libertine), qui le séduit mais se joue de lui. Cette intrigue mettant en présence le libertin avec des êtres plus jeunes et inexpérimentés qu’il initie à son vice est en effet un des motifs favoris du genre : Crébillon fils utilise déjà ce schéma dans les Égarements du cœur et de l’esprit (1736), qui est encore repris dans les Liaisons dangereuses, de Choderlos de Laclos, chef-d’œuvre du roman libertin. Dans ces romans, le libertinage est présenté telle une lutte, comme si la classe aristocratique désœuvrée du siècle des Lumières avait reporté dans le domaine amoureux ses anciennes fonctions guerrières.

Parmi les auteurs importants du courant libertin figurent également Honoré Gabriel Riqueti, Comte de Mirabeau (le Rideau levé ou l’Éducation de Laure, 1786), Nicolas Chorier (1712-1792, l’Académie des Dames ou les sept Entretiens galants d’Aloïsia, 1757) et Restif de la Bretonne (l’Anti-Justine ou les Délices de l’amour, 1798). Une autre œuvre majeure, anonyme (mais attribuée à Jean-Charles Gervaise de Latouche, 1717-1782), est l’Histoire de Dom Bougre, portier des Chartreux (1741). Philosophe et libertin, le marquis de Sade (la Philosophie dans le boudoir) est pour sa part un auteur extrême, qui transfigure les motifs du libertinage pour en faire des récits fantasmatiques personnels. Il apparaît en son siècle comme d’une irréductible singularité, et son œuvre se situe à la fois au cœur du libertinage et bien au-delà de lui.

QUELQUES ŒUVRES LIBERTINES DU XVIIIE SIÈCLE

Parmi les autres œuvres libertines du XVIIIe siècle figurent les romans galants de Charles Pinot Duclos (1704-1772 ; les Confessions du comte de***, 1741 ; Acajou et Zirphile, 1761), Claude Godard d’Aucour (1716-1795 ; Thémidor ou Mon histoire et celle de ma maîtresse, 1745), l’abbé Voisenon (1708-1775 ; le Sultan Misapouf, 1746), les romans cyniques (l’expression est de Henri Coulet) de Claude Villaret (1716-1766 ; la Belle Allemande ou les Galanteries de Thérèse, 1776), Gimat de Bonneval (1711-1783 ; la Fanfiche ou les Mémoires de mademoiselle de***, 1748), Paul Baret (1728-1795 ; Mademoiselle Javotte, ouvrage moral écrit par elle même et publié par une de ses amies, 1758), Louis-Charles Fougeret de Monbron (1706-1760 ; Margot la Ravaudeuse, 1748-1750), mais aussi les œuvres de Jean-Baptiste Boyer d’Argens (1704-1771, probable auteur de Thérèse philosophe ou Mémoires pour servir à l’histoire du Père Dirrag et de Mademoiselle Éradice, 1748), François-Antoine Chevrier (1721-1762 ; le Colporteur, 1761), Jacques Rochette de La Morlière (1719-1785 ; Angola, Histoire indienne, 1746), Claude-Joseph Dorat (1734-1780 ; les Malheurs de l’inconstance, 1772), Andréa de Nerciat (1739-1800 ; Félicia ou Mes fredaines, 1775), ainsi que nombreux ouvrages anonymes.
( Azadunifr )

2 Comments:

Post a Comment

<< Home